La nouvelle théorie marxiste sur l’ Impérialisme

La nouvelle théorie marxiste sur l’ Impérialisme: Note sur Empire of Capital écrit par Ellen Meiksins Wood (Verso 2003) et sur le The New Imperialism écrit par David Harvey (Oxford University Press 2003)

 

Spyros Sakellaropoulos et Panagiotis Sotiris

 

  1. Introduction

 

Pendant les années ’90 le terme ‘mondialisation’ a émergé comme la notion la plus convenable pour décrire les évolutions mondiales. Néanmoins, pendant les dernières années la notion de l’impérialisme a réapparu en tant qu’instrument théorique. Il y a plusieurs raisons pour ce changement :

  1. L’escalade de l’intervention américaine directe à l’extérieur et le fait qu’on parle d’ une nouvelle forme d’Impérialisme libéral contre les ‘rogue states’.
  2. La chute du commerce mondial et des investissements directs étrangers (UNCTAD 2004), chose qui a terminé l’illusion d’une marche continuelle vers la mondialisation économique.
  3. L’intensification des rivalités économiques et politiques parmi les Etats capitalistes les plus puissants (par exemple le US- UE conflit durant les négociations de WTO, ou les différentes positions sur la guerre contre l’Iraq).

Dans ce cadre, deux très importants écrivains marxistes, Elen Meiksins Wood et David Harvey, ont publié récemment deux ouvrages sur la théorie de l’Impérialisme.

 

  1. Présentation des livres et des leurs cadres théoriques.
  1. Helen Meiksins Wood, 2003, Empire of Capital, London: Verso, p. 182.

Le travail de Helen Meiksins Wood est basé sur sa précédente élaboration de l’émergence du capitalisme (Wood 1991) et a des rapports avec l’œuvre de Robert Brenner (Brenner 1976 ; Brenner 1977 ; Brenner 1982). Son argument principal est que le capitalisme peut être défini comme un ensemble de relations sociales spécifiques qui conduisent à la production d’ un marché compétitif qui exige une productivité élevée. La commercialisation de la force du travail a rendu possible l’exploitation des travailleurs contrairement à la violence extra- économique qui était nécessaire pour l’extraction du surplus de travail dans le féodalisme. Les origines du capitalisme se trouvent dans le développement de l’agriculture pendant les premières années de l’Angleterre Moderne. Le capitalisme britannique agraire était la première forme purement capitaliste et marquait la transition de l’échange inégale (‘bying cheap and selling dear’) au profit capitaliste.

Cette différenciation aiguë entre le capitalisme et d’autres modes de production conduit Wood a une distinction parmi les empires pré-capitalistes (Chinois, Romain, Espagnol, Arabe, Vénitien et Hollandais) et l’impérialisme capitaliste. Les empires pré-capitalistes ont une caractéristique commune : l’impérative extra- économique.

            Wood souligne la différence entre l’impérialisme britannique et le capitalisme allemand à la fin du 19eme siècle. Le capitalisme allemand soutenait l’expansion territoriale au contraire du capitalisme anglais qui soutenait la logique de l’accumulation du capital. Le résultat de la première guerre mondiale était la fragmentation des forces impériales et le renforcement des Etats Unis. La nouvelle forme de l’Impérialisme est gouvernée par les impératives économiques et par un système d’Etats multiples.

            Après la chute du «socialisme réel» une nouvelle réalité globale a émergée.- nommée mondialisation. Selon Wood le terme de mondialisation n’est pas juste, car dans ce cas, il y aurait une économie totalement intégrée à la productivité sociale commune. La réalité est qu΄il y a une économie globale qui est dirigée par un système global d’états multiples et de souverainetés locales. Le nouveau Impérialisme a lea caractéristique sans- précédent d’avoir comme but non pas l’expansion territoriale mais l’action militaire sans fin sous l’hégémonie des Etats Unis. C’est une forme d’impérialisme qui permet aux Etats Unis à commander le monde sans les dangers d’une expansion coloniale.

 

  1. David Harvey 2003, The New Imperialism, Oxford: Oxford University Press, p. 253.

            Harvey présente un schéma analytique bien argué pour expliquer la guerre contre l’Iraq en insistant, d’une part, à la nécessiteé du pétrole et, de l’autre part, à l’installation des néo-conservatistes à la Maison Blanche. Selon Harvey un résultat positif de la guerre aiderait les états impérialistes à surpasser la crise économique diminuant le coût de production et offrant une nouvelle orientation possible pour le capital excessif. De cette façon Harvey accepte la position de Brenner sur la crise continuelle de surproduction capitaliste depuis les années ‘70 (Brenner 1998, Brenner 2002).

Face à cette situation les Etats Unis ont à essayé de trouver de nouveaux fixes espace- temporaeles pour le capital excessif. Harvey a inventé la notion des fixes espace- temporeales dans son ouvrage Limits to Capital (Harvey 1982) pour décrire les voies d’investissement du capital. C’est un moyen pour résoudre le problème de la surproduction à travers des investissements qui changent  ’environnement construit: nouvelles facilités productives, travaux publics et grands projets de construction. Cette tendance n’est pas limitée dans les frontières de l’Etat- Nation mais elle est également appliquée, au niveau international, constituant une des principales forces de l’internationalisation du capital.

            Selon Harvey après la chute de l’URSS le grand part de la stratégie américaine était lié au dogme de l’impérialisme néo- libéral. L'ouverture des marchés et la contribution des institutions, comme la Banque Mondiale et l' IMF, était important pour l' renforcement du capital financier américain ainsi que pour l'imposition des mesures d'austérité aux économies des pays moins développés.

            Néanmoins, l’impérialisme neolibéral avait une contradiction intérieure : la diminution de la manufacture américaine signifiait que l’emphase à une forme violente du capitalisme financier conduisait, en effet, à une sorte de recyclage du capital financier qui ne pouvait pas durer longtemps. De ce point de vue l’emphase néo- conservatrice sur la force militaire était une sorte de réaction contre la concurrence économique des pays capitalistes rivaux; un effort pour de contrebalancer l' avancement économique des autres pays capitalistes développés à travers l' usage de la force politique et militaire. Ceci signifie un nouvel équilibre entre la logique territoriale et capitaliste de force.

Harvey soutient que l’impérialisme américain continuerait cette politique autant que le problème de suraccumulation durerait et il n'y aurait pas d’autre manière d’absorption de l’excès du capital. La seule solution serait l’émergence d’une sorte de New Deal en échelle mondiale.

 

3. Mérites, problèmes et contradictions de chaque ouvrage.

 

a) Sur l’ouvrage de Wood

            Wood a fait un effort remarquable de présenter les différentes formes de l’empire durant les dernières 200 ans. Un autre mérite est sa critique de la théorie du «world system» à toutes ses variations (Gills et Frank 1990; Wallerstein 1974) puisqu’elle insiste sur l’originalité historique du capitalisme vis-à-vis les des autres formes d’expansion internationale.

Le problème le plus important sur le travail de Wood concerne son approche essentialiste du capitalisme. Elle traite les relations sociales capitalistes comme l’essence du capitalisme, comme le noyau qui crée les formes politiques et idéologiques respectives. Du moment où l’Angleterre constitue le lieu de naissance du capitalisme, seulement les formes politiques et idéologiques anglaises sont «authentiquement capitalistes». Wood soutient que les éléments qui sont considérés, généralement, comme les fondements du capitalisme européen, par exemple l’émergence du pouvoir centralisé de l’Etat ou la formation de la culture ‘bourgeoise’, sont, en effet, des formes non- capitalistes du moment où elles ne partagent pas la relation essentielle avec quelques formes pures de la production capitaliste.

            Mais l’histoire n’est pas une succession des essences et de leurs expressions, mais une succession de différentes modes de production où chacun représente une articulation matérielle complexe des formes économiques, politiques et idéologiques. De ce point de vue, une rencontre (pour utiliser l’expression d’Althusser qui décrit de manière non- historiciste l’articulation de différents éléments [Althusser 1982 ; Althusser 1994a]) était nécessaire entre le capitalisme britannique agraire, le mode de décision parlementaire anglais, les pratiques bancaires italiennes, la tradition française d’une pouvoir étatique centralisée et la culture continentale bourgeoise, afin d’accomplir l’émergence du mode de production capitaliste.

            Le deuxième problème, concerne le criticisme de Wood sur la notion de la mondialisation. Ce n’est pas clair si Wood soutient que la mondialisation existe- même au cas où les Etats détiennent leur rôle prédominant. De notre part, nous ne croyons pas qu’il faut choisir parmi des équations du type suivant : Mondialisation authentique= Economie intégrée globale ou Quasi Mondialisation= Economie Globale (non intégrée totalement) + Etats- Nations Puissants.

C’est vrai que le capital, dans sa forme abstraite et simple comme auto-valorisation de valeur, est gouverné par une tendance d’accumulation interminable. Néanmoins, la notion du mode de production capitaliste constitue une abstraction théorique plus complexe ; il s’agit d’une forme sociale systémique qui est nécessaire à la garantie de la reproduction des relations sociales capitalistes et constitue une articulation structurée de relations et formes économiques, idéologiques et politiques. La reproduction des relations capitalistes productives a besoin de l’émergence du mode de production capitaliste et sa reproduction dans les formations sociales spécifiques. Il n’y pas de ‘logique intérieure’ de l’Etat- Nation comme l’expression de l’ ‘essence’ du capitalisme. L’Etat- Nation était la forme politique concrète, qui est prouvée comme la plus effective pour la reproduction du capital en tant que relation sociale (par opposition à l’entreprise coloniale, l’empire, l’empire colonial, l’Etat- Ville, le réseau des villes commerciales [Balibar- Wallerstein 1990: 122]).

            La seule manière pour périodiser alternativement le capitalisme serait l’hypothèse d’une formation sociale mondiale où, au moins, d’une formation transnationale sociale et, par conséquence, de la reproduction du mode capitaliste de production à l’échelle mondiale. Cette théorie comprendrait un schéma analytique de la formation du block au pouvoir transnational et des formes spécifiques de la lutte de classe transnationale. Néanmoins, du moment ou où il n’y a pas de données pour vérifier une telle théorie il n’y pas de capital global ni de prolétariat global, et par conséquent il n’y pas de mondialisation au sens strict d’un système global et unifié de relations sociales.

            Pour cette raison, il faut insister sur la notion de l’impérialisme et de la chaîne impérialiste, qui ne constitue pas seulement une agglomération des Etats, mais une articulation multi niveau (économique, politique et militaire) caractérisée par des relations du développement et de l’interdépendance asymétrique et inégale.

 

b) Sur l’ouvrage de Harvey.

            Le livre  de Harvey est très intéressant. Les parties les plus importantes concernent les mouvements du capital financier, le traitement des crises financières et la description détaillée de la stratégie du nouveau Impérialisme et son insistance sur la notion de l’ ‘Impérialisme’ au lieu de la notion de la ‘mondialisation’.

            Néanmoins, il y a certaines contradictions. L’usage du terme ‘capitalisme global’ est plutôt déroutant : où se trouve la différence entre la mondialisation et le capitalisme mondial ? Son emphase sur le déclin de la fabrication américaine et le transfert des facilités productives vers des régions de force de travail pas chères n’illustre pas tous les aspects de l’économie américaine : Les Etats Unis ont réalisé en 2001 12,5% (WTO 2001) des exportations mondiales et leur participation au Produit Intérieur Mondial se variait de 25.9%, en 1992, à 32,4%, en 2001, (UNCTAD 2004a).

            De même il y a un problème par rapport à la distinction radicale que Harvey fait entre les stratégies néo- libérales et néo- conservatrices. Il est juste que l’approche néo- conservatrice unilatéraliste a marqué un point tournant mais elle reste toujours entre les limites de l’interventionnisme politique et militaire qui a caractérisé la politique extérieure américaine après 1989. Le consensus international sur la guerre contre Yougoslavie durant les années ‘90, ainsi que l’effort de la ‘légitimation humanitaire’ de cette guerre, ne peuvent pas dissimuler le fait qu’elle était une guerre impérialiste et agressive (Johnstone 2000).

            Une autre contradiction concerne la tendance de Harvey d’accepter une théorie de surproduction sur les crises capitalistes. Selon nous le problème par rapport aux théories de surproduction a deux aspects :

a) Il est possible qu’elle conduise, à un niveau plus général, vers une théorie d’incapacité inhérente du capitalisme à reproduire ses relations sociales étant susceptible en stagnation productive et, éventuellement, en auto- destruction. De cette manière Harvey met à l’écart la dynamique du capitalisme et de la lutte de classes.

b) L’emphase sur la surproduction, à un niveau plus spécifique, n’a pas pris en considération le fait que la surproduction est une manifestation de la crise capitaliste, un résultat des contradictions de l’accumulation capitaliste et pas son essence.

La position de Harvey rappelle celle de Luxembourg sur l’expansion impérialiste (Luxembourg 1951) qui est classée parmi les exemples les plus bien- argués de la thèse sur la‘sous- consommation’. Il s’agit d’une défense théorique de la capacité inhérente du capitalisme d’être reproduit (contrairement aux schémas de Marx exposés dans le deuxième livre du Capital) et de sa nécessité ultérieure à s’étendre sans cesse vers la périphérie non- capitaliste. Néanmoins, le fait que le capitalisme a survie survécu démentit l’hypothèse que après l’usage de la périphérie non- capitaliste nous serions prêts pour l’auto- destruction du capitalisme.

            Après tout, il n’est pas curieux que la proposition politique de Harvey soit une forme de ‘Keynésianisme global’. Néanmoins, les changements du capitalisme moderne ont eu lieu áà cause de la faillite de l’effort keynésien  à surpasser la crise capitaliste allant les années ’90.

 

Conclusion

Tous les deux ouvrages contribuent au débat théorique sur le monde contemporain. Le retour de la notion de l’impérialisme et le retrait de la référence áà la mondialisation peut être fertile.

Néanmoins, ceci signifie qu’il faut s’occuper avec la coupure théorique que l’intervention de Lénine a créé (Lenin 1982).  L’élément le plus important de cette théorie concerne la position que les relations sociales prédominent face aux relations interétatiques. L’attitude des Etats au niveau international est déterminée par le rapport intérieur des forces. L’impérialisme ne s’identifie pas avec dles empires coloniaux; il est défini comme l’effet d’un étape concrète du développement de l’accumulation capitaliste (prédominance de la plus-value relative, soumission réelle du travail au capital, concentration et concentralisation). L’internationalisation du capital est définie en tant que stratégie offensive pour la reproduction élargie du capitalisme et’l’hégémonie du capital monopoliste.     

Ainsi, le déploiement réel de l’impérialisme capitaliste ne concerne pas la formation des empires coloniaux, mais la garantie politico-militaire de la reproduction de l’accumulation capitaliste et la’ internationalisation du capital; c’est áà dire le paradigme des Etats- Unis après la guerre et non pas celui de l’Angleterre Victorienne. Le développement inégal constitue l’effet nécessaire du processus complexe d’émergence et de domination  du capitalisme au sein des formations sociales différentes.  L’état  bourgeois est l’intermédiaire dans la concurrence internationale parmi les capitaux et ceci explique les contradictions intra-impérialistes et les guerres.

Une telle approche interprète mieux – et de façon plus dialectique- le monde contemporaine puisqu’elle s’éloigne de la théorie mécaniciste d’un système sociale mondial et unifié ou á une de l’ illustration simpliste d’une coexistence chaotique des états indépendantes.  Elle souligne, d΄un part, le maintien de la formation nationale sociale, les interdépendances, les hiérarchies et les pressions qui sont développées au sein du système international et, d΄autre part, la création des blocs impérialistes en tant que alliances autour d΄ une force hégémonique.

            Cette approche ne sous-estime pas l΄internationalisation du capital, mails elle fait une distinction cruciale: Le système international (et les formes politiques qui reproduisent les relations sociales capitalistes) n'est pas définie de façon monodimensionale par les tendances  de l'accumulation capitaliste (la dynamique « aveugle » du capital comme valeur autovalorisée). Il est déterminé par les exigences totales de reproduction du mode de production capitaliste en tant qu’articulation complexe de relations économiques, politiques et idéologiques. Par conséquence, la tendance du capital à surpasser les frontières continue d’à être méditée sans abolir l’importance  des Etats nationaux (Poulantzas 1979).

            Ceci peut mieux interpréter les mutations dans le monde contemporain. La libération du commerce, des mouvements des capitaux et des investissements, la suppression des mécanismes de protection comme les variations de change ainsi que les systèmes d'unification monétaire (comme l' UEM) ont fait de l’internationalisation du capital une stratégie offensive  envers les couches laborieuses qui subissent l’accrue de l’exploitation sous le revêt de la survie de l’économie nationale contre la concurrence internationale.

            L’effort offensif des Etats Unis  à assumer pour leur part un rôle policier et un interventionnisme militaire accru ne peut pas être considéré seulement comme une entreprise  unilatérale et «intéressée» de prédominance mais comme un mouvement l’d’hégémonie. Les Etats Unis veulent montrer que seulement eux peuvent ágarantir  l’intérêt total de l’ensemble des pays capitalistes: surveillance préemptive envers les contestations contemporaines (et celles de l’avenir) des relations et des intérêts capitalistes, protection des investissements et de la profitabilité, écrasement  de toutes les résistances. Les adhérents de la politique néo conservatrice ainsi que de la politique néolibérale consentent à l’essentiel  de cet avis, tant aux Etats-Unis (c'est pourquoi Kerry n'était pas une solution alternative) que dans la plupart des pays européennes.

C’est pourquoi le retour fertile  de la notion de l’impérialisme au débat international conduit à des déplacements politiques: de passer de la revendication utopique d'une "mondialisation au visage humaine" au conflit contre les politiques et les relations sociales qui reproduisent l’impérialisme contemporaine.

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